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Accueil du site > Equipes de Recherche > Interaction entre migrations internationales, croissance urbaine et développement durable au Maroc > Conclusions et implications politiques

Conclusions et implications politiques

La relation migration-environnement apparaît aujourd’hui dans la région du Souss-Massa très largement dépendante des facteurs sociaux qui régulent le fonctionnement des sociétés rurales. La migration n’est plus seulement un facteur de régulation des « surplus démographiques », elle est également un agent direct des transformations dans les systèmes de production et d’usage des ressources naturelles, à la fois cause et conséquence de l’évolution des milieux. Les populations sont très concernées, malgré leur bas niveau de vie, par la pérennité des ressources naturelles et la nécessité de les protéger face à une surexploitation intense et à la sécheresse. Et elles soulignent également la nécessité de valider cette idée de protection par le consensus, les expériences antérieures ayant généré un sentiment de méfiance à l’égard de toute initiative de conservation des ressources naturelles. Les habitants considèrent que l’Etat doit intervenir d’urgence, non seulement par le renforcement de la surveillance et de l’aide technique, mais surtout par le soutien des associations locales porteuses d’une dynamique nouvelle. En milieu urbain, les habitants du bidonville estiment majoritairement qu’il faut changer de type de construction au niveau du quartier, tout en souhaitant ne pas migrer. L’autre problème qui se pose au niveau des bidonvilles et des quartiers populaires est celui de la pauvreté. Au-delà du logement, il faut également créer des emplois et des moyens de subsistance, de même que des infrastructures et un environnement propice à l’épanouissement de leurs enfants.

De même, l’intensification des migrations s’accompagne d’une compétition sociale dans l’occupation de l’espace impliquant tous les groupes. Bien que la mobilité humaine soit l’une des composantes fondamentales de la dynamique territoriale, d’autres dimensions participent au changement socio-spatial comme, par exemple, le rapport affectif avec l’espace d’origine. De plus, le bénévolat permet aux migrants d’être perçus comme un groupe spécifique au sein de la communauté d’origine, qui favorise le développement local. Cependant, les migrations internationales ne stabilisent pas toujours la population dans les zones rurales (exode rural, vieillissement, féminisation de l’économie). Le migrant apparaît également comme un acteur urbain singulier, producteur de nouvelles dynamiques économiques et sociales. Ainsi, l’injection des revenus migratoires dans les centres urbains accélère le rythme d’urbanisation et donne une signification nouvelle aux mutations en cours, avec des effets sur l’inflation, la spéculation foncière, le renforcement des processus de classement/déclassement/reclassement socio-spatial, la fragmentation et la ségrégation urbaine et sociale.