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Les déterminants socio-environnementaux de la morbidité diarrhéique des enfants de moins de 5 ans en milieu urbain camerounais : les villes de Ebolowa et Maroua

Résultats

La situation en milieu hospitalier

Les statistiques hospitalières révèlent que les diarrhées constituent l’un des principaux motifs de consultation des enfants aussi bien à Ebolowa qu’à Maroua. La répartition des motifs par sexe montre que les diarrhées constituent un motif légèrement plus fréquent chez les filles que chez les garçons (12% contre 10% à Ebolowa et 32% contre 30% à Maroua).

En matière de consultation médicale, l’âge est facteur de différenciation entre les enfants. On note en effet une forte concentration des cas de diarrhées entre 12 et 23 mois révolus (environ 40%). Cet âge correspond globalement à la période de sevrage total. Par ailleurs, 27% des cas sont survenus entre 6 et 12 mois, au cours du sevrage partiel. Au total donc, environ plus de deux tiers des cas déclarés sont survenus entre 6 et 24 mois, période pendant laquelle intervient le sevrage partiel ou total. Celui-ci constitue un facteur particulièrement favorable à l’apparition des diarrhées chez les nourrissons.

Le profil saisonnier de la morbidité diarrhéique est mis en évidence dans les deux localités. A Ebolowa, milieu équatorial humide, on observe deux périodes de forte prévalence : la première correspond à la grande saison sèche (janvier à mars), avec un pic en janvier, et la seconde à la petite saison sèche (juillet-août). A Maroua, zone sahélienne, la prévalence est en revanche la plus élevée au cours de la période de juillet à septembre, qui correspond à l’hivernage, avec un pic en juillet. Les maxima observés à Ebolowa en saison sèche sont attribuables, pour une large part, au déficit d’eau potable qui s’accentue au cours de cette période, la ville étant sous-équipée en adduction d’eau potable. A Maroua, le pic observé en saison pluvieuse peut s’expliquer par la pollution des eaux de surface utilisées par une grande partie des ménages (environ 25%) par de toutes sortes de déchets charriés par les eaux de ruissellement. L’existence de saisonnalités n’atteste pas l’influence du climat sur le risque diarrhéique, car les effets du climat sont étroitement associés à d’autres facteurs.

Les résultats de l’enquête

L’âge est une variable discriminante de la morbidité diarrhéique. La répartition des enfants selon l’apparition d’un épisode diarrhéique et l’âge confirme l’hypothèse d’une sur-morbidité diarrhéique des enfants de 12 à 23 mois révolus déjà observée dans les enquêtes EDS et les statistiques hospitalières. Les enfants de ce groupe d’âge ont une prévalence presque deux fois plus élevée que celle de ceux du groupe 6-11 mois à Ebolowa. A partir de 24 mois, la morbidité diminue progressivement, une diminution attribuable à l’accumulation d’anticorps. Il est à noter que le sexe, à la différence de l’âge, n’apparaît pas ici comme un facteur discriminant.

L’assainissement et les matériaux de construction sont des caractéristiques de l’habitat associées à la prévalence diarrhéique. Ces caractéristiques résument l’environnement physique immédiat de l’enfant autant qu’il traduit le niveau de vie du ménage où il vit. Dans tous les cas, cet environnement contribue aussi au risque de morbidité. Les variables retenues pour observer son lien avec la prévalence diarrhéique observée sont le type de toilettes, les modes d’évacuation des ordures et des eaux usées, le type de matériau du sol et la source d’approvisionnement en eau de boisson.

L’environnement social de l’enfant, défini ici par la présence des parents biologiques dans le ménage, le sexe, l’âge, le niveau d’instruction et l’occupation du chef de ménage, l’âge et le niveau d’instruction de la mère, le lien de parenté de l’enfant avec le chef de ménage, est un facteur de différenciation. La présence d’un des parents biologiques dans le ménage où vit l’enfant est généralement un facteur déterminant de la qualité et de la quantité des soins dont peut bénéficier l’enfant. Ici, il n’y a aucun lien statistique entre la présence des parents dans le ménage et la prévalence diarrhéique. Il n’existe aucun lien entre le sexe du chef de ménage et la prévalence des diarrhées infantiles. Mais, concernant l’âge, il existe bien un lien entre cette variable et la morbidité diarrhéique. Concernant la mère, il ressort que la prévalence de la diarrhée est nettement plus élevée parmi les enfants de mères jeunes (moins de 30 ans), ce dans chacune des deux localités.

Plus que toutes les caractéristiques individuelles de l’enfant et des parents, c’est finalement le lien entre niveau de vie et prévalence de la diarrhée qui est effectivement établi. La prévalence des diarrhées infantiles diminue avec l’élévation du niveau de vie dans les deux localités. L’écart de prévalence peut atteindre 50% entre les ménages les plus pauvres et les plus riches.

Facteurs de risque de la morbidité diarrhéique infantile

Concernant les caractéristiques individuelles de l’enfant, l’analyse explicative confirme le rôle discriminant de l’âge. A Maroua par exemple, le risque de survenue des diarrhées est de 61 % moindre chez les enfants de 48-59 mois (contre 54 % à Ebolowa), comparé au risque pour les tout petits (6-11 mois). En ce qui concerne les antécédents sanitaires de l’enfant, leur influence sur sa santé s’exerce à travers le statut vaccinal, la prise des vermifuges et la présence d’un épisode diarrhéique parmi les membres du ménage.

Bien que contribuant au bien-être du ménage, la disponibilité des biens de valeur dans le ménage est la seule composante du niveau de vie du ménage qui n’a aucun effet significatif sur la survenue des diarrhées chez l’enfant. La source d’approvisionnement du ménage en eau de boisson n’agit que partiellement sur la santé de l’enfant uniquement à Maroua, en milieu aride. Parmi les caractéristiques du chef de ménage, seuls le niveau d’instruction et, dans une moindre mesure, l’occupation principale, exercent partiellement une influence significative sur la variation du risque de survenue des diarrhées chez l’enfant. Il est à noter également que l’âge de la mère influe significativement sur la santé de l’enfant. L’influence du niveau de vie du ménage est en revanche très faible et partielle, limitée à la seule ville de Maroua.

De manière globale, l’hygiène alimentaire n’influence que très faiblement la variation de la morbidité diarrhéique des enfants dans les deux villes. A Ebolowa, seuls les lieux de conservation des aliments de l’enfant et de rangement des ustensiles de cuisine traduisent cette faible influence. Le lieu de conservation des aliments présente le même effet à Maroua. Pour ce qui est de l’hygiène environnementale, on constate que le fait pour un ménage résidant à Ebolowa de partager les toilettes avec ses voisins augmente de près de 3/5 le risque diarrhéique chez l’enfant. Quant aux rebuts domestiques, leur présence dans la cour augmente le risque diarrhéique de moitié.