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Perception de l’environnement et attitude des paysans malgaches face aux projets de développement rural

Conclusions et implications politiques

La saturation de l’espace agricole, l’exiguïté des terres cultivées et l’absence de débouchés monétaires autres qu’agricoles aboutissent à de nouvelles stratégies démographiques et économiques de la part des ménages. Primo, ceux-ci intensifient les cultures en multipliant les cycles culturaux et les spéculations au cours d’une même saison. Secundo, ils diversifient les sources de revenus en vendant leur force de travail comme salarié agricole, sur place ou en migration. Tertio, les jeunes couples commencent à essayer de limiter leur descendance mais la croissance démographique naturelle reste très élevée et le modèle agricole qui prévalait jusque là ne suffit plus à assurer ne serait-ce que l’alimentation de base du ménage.

De manière générale, le souci de préservation de l’environnement naturel et d’aménagement anti-érosif des parcelles est présent à l’esprit des paysans mais il se heurte à une vision à court terme guidée à la fois par la pauvreté et l’insécurité sur la propriété foncière. Les perspectives d’un développement durable semblent donc être hypothéquées par l’absence de débouchés économiques locaux et par une diminution de la quantité et de la qualité des terres, pour des générations futures en forte croissance démographique.

L’analyse montre ici que les freins au développement sont avant tout de nature organisationnelle, les paysans craignant le risque de toute entreprise innovante. Il faut raisonner dans un contexte qui est celui de la grande pauvreté et où les seuls mécanismes assurantiels sont ceux de la solidarité familiale et villageoise. Le glissement du lien social de la sphère économique (entraide agricole) vers la sphère socioculturelle (invitations croisées aux cérémonies traditionnelles, entraide sur la construction de la maison) est significatif de l’émergence de comportements économiques plus individualistes. Comment transférer alors une capacité de structuration organisationnelle pour mutualiser les activités économiques et trouver des débouchés monétaires à la production agricole sur le marché des grandes villes proches ?

En conclusion, les résultats du programme de recherche PRIPODE MG2, centré sur les interrelations PDE dans toute leur complexité, indiquent que l’analyse doit s’accompagner d’une évolution des modes de description des phénomènes. Interdisciplinarité, détermination des échelles, prise en compte des aspects spatiaux, même à une échelle très réduite, et modélisation sont des concepts-clés à mobiliser et à intégrer dans l’analyse, tout comme l’est le rôle de la composante organisationnelle dans la définition et la mise en place de projets de développement, qu’ils soient de nature environnementale ou autre.